Cet article vient compléter l’article sur les finitions
Dans les expositions ou les marchés que j’ai pu faire, les gens que je rencontre me demandent souvent la même chose sur mes bols et autres récipients : « est ce que je peux mettre des aliments ou manger dedans ? » Et je ne savais pas vraiment quoi leur répondre à cause du sérieux manque d’information sur le sujet.
Mais maintenant je sais quoi leur répondre. Et la réponse n’est pas forcément simple.
Il existe un règlement CE n°1935/2004, qui donne les essences autorisées au contact alimentaire. Elles sont le chêne, le charme, le châtaignier, le frêne, le robinier, le sapin, l’épicéa, le douglas, le pin sylvestre, le peuplier, le hêtre, le platane, le tremble, l’aulne, l’olivier, le bouleau, le noyer et l’orme.
Dans l’idée de cette norme, les bois susceptibles d’entrer en contact avec des denrées alimentaires ne doivent pas faire l’objet de traitement. Ils sont utilisés bruts, sans protections, ni vernis, ni huile. Ces dispositions sont valables pour les produits de la grande ou petite distribution alimentaire. La règlementation ne prend pas en compte les saladiers, bols et autres récipients.
Nous avons deux types de solutions : les vernis et les huiles.
Les vernis
Les vernis avec l’appellation « alimentaire » sont conçus pour les meubles et autres supports dans lesquels seront déposés des aliments secs. Ces vernis constituent une bonne protection pour isoler le bois des aliments. Mais le principal défaut de ces vernis c’est leur fragilité face à la température. Les aliments chauds vont créer des micros fissures, avec le temps ces fissure vont s’agrandir avec les nettoyages, l’humidité, des rayures, les coups et au bout de quelque temps l’utilisateur aura ingérer une partie de ce vernis.
Par ailleurs, les variations d’hygrométrie [1]et de température provoquent des modifications dimensionnelles du bois qu’un verni bien sec, cellulo ou polyuréthane n’accompagnera pas.
En conclusion, on peut dire que le vernis dit alimentaire n’est pas un produit miracle et sans risque.
Les huiles
D’autres produits que les vernis sont employés en protection de récipients en bois, les huiles alimentaires et plus largement les huiles siccatives. Ces produits pénètrent bien le bois et encore plus profondément à une température de 30 à 40°C. Certaines vont avoir tendance à moisir mais tout dépend de la fréquence d’utilisation de ces récipients.
Une huile qui ne rancit pas c’est l’huile de paraffine issue d’hydrocarbures. Elle ne transmet aucun gout au bois et se comporte bien dans le temps. Mais comme toutes les huiles, après les premiers lavages il faut en repasser un peu sur la surface.
Une huile qui est plus naturelle est l’huile d’abrasin (ou huile de bois de chine ou encore huile de tung). C’est une huile végétale extraite des graines de l’abrasin, arbre d’origine africaine. Cette huile possède un haut indice de siccativité. Plus l’indice de siccativité est élever plus l’huile contient des molécules insaturées C=C donc plus elle est susceptible de se réticuler à l’air. C’est-à-dire de durcir par changement chimique. Par abus de langage on parle de séchage des huiles mais il n’y a pas d’évaporation mais un changement chimique.
Si les finitions à l’huile demandent plus d’entretien qu’un verni alimentaire, elle est surement préférable. En effet l’huile nourrit le bois, empêche les déformations des pièces, diminue la pénétration des aliments dans le bois et finalement très peu de produit remonte en surface (sauf au contact avec un liquide chaud).
Ce petit article n’est qu’une synthèse rapide des finitions alimentaires et a seulement un but informatif. Ne m’en voulait pas si je n’ai pas abordé certain point.
Je ne traiterais pas ici la norme « jouet » qui peut apparaitre sur certain verni qui a encore un niveau d’exigence supérieur
En résumer, il est simple de produire des récipients où on peut utiliser des aliments secs (cacahuète, pistache, pain, fruit sec…) et des liquides froids en petite quantité (olives en sauce…). Ces récipients demanderont un nettoyage doux et une application régulière de l’huile.
S’il s’agit de liquide chaud, ça se complique et il est plus simple de laisser la pièce brute.
Il ne faut pas oublier que le bois est un matériau vivant, il va travailler et changer tout au long de son utilisation. Il nécessitera toujours plus d’entretien qu’une assiette en céramique qui, elle est inerte.
Source : Tournage sur Bois, Hors-série n°1
[1] Quantité d’eau à l’état gazeux dans l’air